lundi 30 juin 2008

Les missions de Planchette

Grosse journée pour Planchette.

On se lève à 6h00, tout contents de voir que les Ouest sont de retour. Il était temps après les trois jours de pétole que nous venons de vivre. Enfin, de presque pétole puisque j’ai pu sauver la journée d’hier grâce à une heure de vent pré-orage. Puis, il y a eu ce vent d’Est avant hier, mais les vents d’Est, ça compte pas vraiment. En effet, la plupart des gens détestant ce vent qui est de la même direction que le courant, les obligeant donc à faire du près, un « no no » ici. Mais bon, faire du près pour un Montréalais, c’est pas la grosse affaire, alors on a eu bin du fun. Quand le vent est devenu plus léger, Planchette a bien montré aux kiteux, avec sa 7.0m, que le light wind ne leur appartient pas.

Revenons à aujoud’hui. On quitte le camping à 6h45, direction Hatchery, 5 milles à l’Est de Viento. Traverse le pont (0,75$), arrive à The Hatch, on constate qu’il ne vente pas. Je boude, car je veux retourner à Viento. Planchette plie, on retraverse le pont (0,75$) puis on revient à Viento.

Je monte une 5.9, Planchette une 4.7. Le vent est Sud-Ouest et sa force est difficile à jauger, le bord de l’eau étant déventé.

Première mission pour Planchette : Wind Dummy. C’est que j’ai peur d’en manquer, je laisse donc Planchette se lancer la première. Bon, tout va bien pour elle, je la suis. Un deux heures de planche potable. Plus tard, on revient au bord. Là, c’est l’émoi ; il y a un disparu. Un pauvre monsieur, incapable de faire son waterstart a dérivé à perte de vue. Sa femme le voit déjà mort.

Deuxième mission pour Planchette. Je réquisitionne ses yeux de lynx. Aidée de jumelles, Planchette voit le naufragé loin sur l’autre rive. Grosse vague de soulagement sur la plage à Viento.

Mais même dans la vie des héros, il y a des moments ordinaires : Planchette nous prépare donc un bon petit lunch dont elle seule a le secret.

Pendant ce temps, je discute avec mon ami Gary, le Californien. Soudain un bruit de voile qui se fracasse sur un arbre. On accourt et on constate que l’incident aura eu raison d’un panneau de monofilm de la voile à Gary. Troisième mission pour Planchette: réparer la voile à Gary avec du Tuck Tape, comme elle seule sais si bien le faire.

Je retourne à l’eau, le vent a viré Nord-Ouest et les conditions sont devenues exécrables, du 5 rafales à 30 nœuds. Une de ces rafales, comme seul Viento peut en produire, me catapulte et occasionne une déchirure de wetsuit. Mais c’est pas grave, j’ai de la colle à wetsuit et Planchette adore accomplir des missions, la preuve, regardez si elle est heureuse:

(photo prise à notre anniversaire de mariage, il y a quelques jours)

dimanche 15 juin 2008

Gorge 2008: Premier matin à The Hatch

Une scène qu’on voit pas souvent, un Hatchery vide le matin à 8h20, alors que c’est des conditions de 5.0 :


En fait, il y a six personnes dans le stationnement, je les connais tous par leur prénoms, ce qui est pour moi tout un exploit, étant incapable de même savoir le numéro de téléphone de mon fils par cœur. D’ailleurs, j’ai eu une petite pensée pour lui, hier, la fête de pères. Je me disais que c’était la 8ième année consécutive que je ne lui donnais pas la chance de m’acheter un cadeau pour la fête des pères. Père manquant, fils économisant. J’ai tout de même compensé en m’achetant un beau quiver de voiles. Test report à venir.

Bon, pour en finir avec le road trip, je suis arrivé à Hood River dimanche 14h30 (heure du Pacifique), alors que j’avais quitté Montréal le jeudi à 8h30. 15 minutes de retard sur l’horaire prévu. Pas si mal, compte tenu des embuches en Iowa. J’ai bien failli subir une autre déviation de route à Des Moines, alors que le niveau de la rivière dépassait de 10 pieds le niveau normal. La vue que j'avais de l'autoroute à Des Moines:


Donc, 4747,8 km plus tard, après 47 heures de route et $576,24 d’essence me voici à The Hatch, tout seul à regarder le swell et à me demander ce que je fais devant mon ordinateur.

See ya on the water!

vendredi 13 juin 2008

Gorge 2008: Drame en Iowa

Je ne sais par quel miracle, mais j'ai réussi à échapper hier à la congestion habituelle de Toronto. Heureusement, car mon air climatisé ne fonctionne pas et j'aurais détesté suffoquer dans le traffic.

Petite digression, c'est con un Guyt. J'ai eu tout l'hiver et le printemps pour faire réparer mon air climatisé et il a fallu que j'attende la veille de mon départ pour aller au garage. Évidemment, la pièce défectueuse était en "back order" et comme il n'était pas question de retarder mon voyage de quelques jours, je devrai me résoudre à crever tout l'été.

Donc, tout allait bien, j'étais en avance sur l'horaire. Il devait être
10 heures AM quand je commençais la traversée de l'état le plus monotone des States, l'Iowa . 280 milles de champs de maïs destinés à la production d'éthanol.

Et là, le pépin: l'autoroute I-80 est fermée sur un tronçon de 30 milles à cause de pluies records qui ont causé le débordement du Mississipi et des rivières environnantes. Ce qui est curieux, c'est que je n'ai rien entendu à la radio, trop occupée à nous faire entendre sa musique country ou les vieux hits de Led Zeppelin.

Voici une photo que j'ai prise, pour vous montrer l'ampleur du drame:



Je tombe finalement sur un poste de radio qui donne plus de détails: une quinzaine de morts, une petite ville, Cedar Falls, inondée et coupée de la civilisation, la circulation dans tout l'est de Iowa complètement anarchisée.

Pas la peine de vous dire que, complètement paniqué devant l'imprévu, je me suis perdu dans les campagnes d'Iowa. Heureusement, j'ai fini par trouver un camionneur qui s'en allait dans la même direction que moi et je l'ai suivi jusqu'à ce qu'il me conduise à bon port. Deux heures de route pour parcourir l'équivalent de
30 milles sur l'autoroute.

Là, je vous écris de mon resto favori aux States, le Ox Yoke,
sortie 225, Iowa. J'ai une petite pensée méchante que je ne vous dirai pas. Je me demande si ce drame qui arrive aux Iowaiens n'est pas une petite punition de Dieu qui nous en veut de se servir du maïs pour nourrir les automobiles plutôt que les humains.

Mais je ne le dirai pas, je vais encore prouver que c'est con un Guyt.