vendredi 22 août 2008

Gorge 2008: le bilan

Bon, voilà les statistiques officielles pour le Gorge Tour 2008, périple qui aura duré 58 jours dans le cas du poids lourd Guyt (bon, je suis pas si gros, mais c'est comme si), 13 pour le poids moyen Prog et 30 pour la légère Planchette.


À première vue, The Gorge a encore livré la marchandise, mais pas tant que ça quand on regarde de plus près les planches et voiles utilisées:



On peut y voir que j'ai fait du "light wind" en masse et qu'il y a eu très peu de journées nucléaires (ça, c'est de la 4.3 pour moi et de la 3.0 pour Planchette). Un peu la répétition de 2007, mais on est loin des autres années où on se faisait "blaster" régulièrement, avec des jours et des jours consécutifs de gros vents.

À qui la faute? The Gorge s'accommode très mal des conditions ambiguës. Il aime les situations claires: grosse ligne de nuages à l'ouest, gros soleil à l'est. Or, la Californie n'a pas arrêté de nous envoyer des nuages (quand c'était pas de la fumée provenant des feux de forêt). L'été fut donc plus froid que d'habitude, ce qui a empêché le thermique de fonctionner à plein régime . On a même eu de la pluie, un gros deux heures de flotte m'est tombé dessus. D'accord, c'était la nuit, mais quand même!

Chose certaine, 2008 aura donné du fil à retordre aux météorologues d'iWindsurf et surtout à cette pauvre Temira qui tentait de remplacer l'immense Bart à la radio. Ça me surprendrait qu'on l'entende de nouveau l'an prochain. En tout cas, beaucoup de mauvaises prévisions et il fallait avoir un peu de flair (ou s'appeler Guyt ;-) pour être au bon spot au bon moment.

Le fait marquant de l'été? Le 19 juillet 2008 au Hatchery, événement qui fait maintenant partie de la petite histoire de ce spot mythique et qui met en vedette Planchette:


Nous sommes en fin de journée de "vrai" Gorge. Planchette est à l'eau depuis le matin, ses seuls arrêts sont imposés par la faim ou par un changement de voile. Moi, j'avais lancé la serviette depuis longtemps et démontait la 3.5 de Planchette, qu'elle avait changée pour une 3.9, suite à une légère baisse de vent. C'est que j'étais convaincu que Planchette était dans ses derniers milles. Mais la-voilà-tu-pas qui sort de l'eau, veut reprendre sa 3.5 et constate que je l'ai défaite.

En furie, elle remonte sa 3.5 et me dit avec des yeux méchants: "Et que je te vois défaire ma 3.9, je pourrais en avoir besoin plus tard". Tous ceux qui épiaient la scène étaient médusés par l'énergie de cette Planchette, que l'on considère maintenant comme le Lapin Duracell du Hatch. Cette journée-là, elle aura parcouru 139 km de gros swell en 67 litres!!!

Autre épisode savoureux: la journée où elle a brisé un mât SDM, en montant une voile. Le mât ayant brisé au joint des deux pièces, elle s'est empressée d'aller chercher un témoin crédible pour qu'il puisse certifier au Guyt qu'elle avait bien inséré les deux pièces du mât et éviter ainsi une engueulade. Dommage pour la foule Hatchienne, qui adore les duels Guyt-Planchette.

Bon, voilà pour le bilan Gorge 2008. Je passe maintenant à autre chose, comme par exemple me préparer mentalement pour le Gorge Tour 2009!

jeudi 31 juillet 2008

Gorge 2008: La vie, la mort et la valeur d’un Guyt

Gros drame évité aujourd’hui, le filet de pêche à Roosevelt. C’est que les Nations Premières (autrefois appelées « indiens ») ont le droit d’installer des filets partout sur la rivière Columbia, mais ils semblent adorer emmerder les windsurfers, si j’en juge par la quantité de filets que l’on retrouve sur les spots cette année.

Toujours est-il que je me suis retrouvé encerclé par un filet de pêche à la fin d’un jibe à Roosevelt. Planchette m’avait bien averti du danger; le crochet d’harnais qui se prend dans le filet, la panique qui s’installe et la noyade qui s’en suit. Un début de panique se pointe, mais pas suffisante pour empêcher une idée de génie d’envahir mon cerveau. J’embarque sur la planche, m’assurant par le fait même que mon crochet est hors de portée du filet maléfique. Le courant me fait traverser la plus grande partie du filet, je me jette ensuite à l’eau, puis éloigne ma planche du danger. J’évacue ensuite le stress en me soulageant dans mon wetsuit: un numéro «1» bien mérité.

Je repars donc en planche, mais j’ai de la difficulté à me concentrer sur mon swell riding. Mon esprit est envahi par des pensées sur la vie, la mort et sur le sort de ce pauvre lapin, que j’ai affectueusement appelé «Ben», en honneur du planchiste américain qui est follement amoureux de ma femme.

Ben, le lapin (non, j'ai pas la photo du Ben amoureux de ma femme)

Donc, ce pauvre Ben est le dernier des huit lapins domestiques qui ont été lâchement abandonnés à mon camping par leur maître qui en avait probablement marre de constater que des lapins, ça se reproduisaient comme des lapins.

Johanne, la ranger du State Park, a réussi à capturer 7 des 8 lapins, qu’elle remet à un organisme qui s’occupe de trouver des familles d’accueil pour les animaux délaissés. Manque plus que Ben, qui s’est presque lié d’amitié avec moi, puisqu’il passe beaucoup de temps sur mon site de camping, le maintenant fameux B5.

Johanne m’a demandé la permission d’installer une trappe sur mon site pour capturer Ben. Elle m’a expliqué que les lynx attendent avec impatience le départ des campeurs cet automne pour bouffer ce pauvre lapin. Mais la vie qui attend Ben après sa capture éventuelle n’est guère plus réjouissante; il va passer le reste de sa vie dans une cage, avec sorties occasionnelles où il se fera chahuter par des enfants.

Ah, si Ben savait, que choisirait-il? La prison à perpétuité ou un mois de plus de complète liberté, néanmoins suivie d’une mort certaine? Dois-je aider Johanne à capturer Ben?

Et puisqu’on est dans les grandes questions philosophiques, combien accepteriez-vous d’être payé pour endurer Guyt une journée complète? Dans le cas de mon copain qui est mon invité pour deux semaines, le montant est de 575$/jour.

On dirait que les 49 règlements que je lui ai imposés (tous basés sur la prémisse «Guyt en premier») ont eu raison de lui. Il avait donc décidé d’écourter ses vacances avec moi de deux jours, mais s’est ravisé quand il a vu les frais de 1 150$ supplémentaires exigés par la compagnie aérienne.

Je l’ai tout de même senti hésitant quand il parlait avec l’agent au téléphone. Quel montant supplémentaire aurait-il été prêt à verser pour s’éviter un deux jours avec Guyt?

Et dire que Planchette m’endure depuis onze ans, et ce, tout à fait gratuitement... Comment fait-elle?

Ciel, que la vie est remplie de questions sans réponses...

mardi 8 juillet 2008

Gorge 2008: La chicane est pognée

Bon bin, la chicane est pognée. Le Gorge Frenzy (compétition de freestyle) est remis depuis deux jours, à cause de prévisions météo défavorables, qui se sont transformées en deux jours de 20 à 30 noeuds solide au Hatchery. Les compétiteurs sont frustés et les "Hatch Rats" encore plus, car la plupart d'entre-eux n'apprécient pas l'affluence supplémentaire créée par la compétition et ont hâte qu'on en finisse. Un "Hatch Rat", c'est quelqu'un qui passe son été au Hatchery, de 5 heures le matin à 7 heures le soir.

Les prévisions météo du fameux Bart ne sont plus à la radio, et c'est Temira, qui le remplace. Or, Temira est bonne en planche, mais pas très en prévisions météo. En fait, son problème, c'est qu'elle fait souvent ses prévisions la veille, la dernière chose à faire à The Gorge.

Le truc ici pour faire de bonnes prévisions, c'est que tu regardes juste avant l'heure de tombée des prévisions de wind (7h am) la différence de température entre Portland, Hood River et Arlington. Puis tu regardes s'il y a déjà une brise d'ouest d'installée. Et, le plus important, tu regardes les nuages.

Moi, quand je me lève pour le pipi de 5h (celui qui suit ceux de 3h et 1h du matin, ciel que je fais pipi à The Gorge), je regarde si les branches des arbres se font aller. Parfois, les arbres sont déjà pliés en deux, alors y a pas de questions à se poser, Hatchery directo, pour un "dawn patrol". Sinon, je regarde les nuages. Le meilleur c'est quand y a une grosse ligne de nuages bien visible de Viento, avec un ciel dégagé sur Hood River.

Et c'est exactement ce que nous avons eu ces deux derniers jours. Y aller d'une prévision "light wind, go the coast" comme l’a fait Temira tenait du suicide. Comme il faut bien un bouc-émissaire, tout le monde a blâmé cette pauvre Temira qui se serait fait pas mal "bitcher" sur le forum d’Iwindsurf.

Moi, j'éprouve de la sympathie pour cette pauvre Temira. En fait, c'est plus que de la sympathie, c'est que je m'identifie beaucoup à la demoiselle. Imaginez une seconde un Guyt météorologue qui se ferait blaster suite à de mauvais forecasts. Que ferait-il? Je vous entends crier en cœur: "Il bouderait!".

Et c'est exactement ce que Temira a décidé de faire, comme le témoigne son blog, miroir de ses prévisions à la radio:
Cliquez ici

Vous savez comment j'adore ma Planchette. Il reste que c'est rassurant de savoir que s'il devait lui arriver quelque chose, l'âme-sœur existe.

lundi 30 juin 2008

Les missions de Planchette

Grosse journée pour Planchette.

On se lève à 6h00, tout contents de voir que les Ouest sont de retour. Il était temps après les trois jours de pétole que nous venons de vivre. Enfin, de presque pétole puisque j’ai pu sauver la journée d’hier grâce à une heure de vent pré-orage. Puis, il y a eu ce vent d’Est avant hier, mais les vents d’Est, ça compte pas vraiment. En effet, la plupart des gens détestant ce vent qui est de la même direction que le courant, les obligeant donc à faire du près, un « no no » ici. Mais bon, faire du près pour un Montréalais, c’est pas la grosse affaire, alors on a eu bin du fun. Quand le vent est devenu plus léger, Planchette a bien montré aux kiteux, avec sa 7.0m, que le light wind ne leur appartient pas.

Revenons à aujoud’hui. On quitte le camping à 6h45, direction Hatchery, 5 milles à l’Est de Viento. Traverse le pont (0,75$), arrive à The Hatch, on constate qu’il ne vente pas. Je boude, car je veux retourner à Viento. Planchette plie, on retraverse le pont (0,75$) puis on revient à Viento.

Je monte une 5.9, Planchette une 4.7. Le vent est Sud-Ouest et sa force est difficile à jauger, le bord de l’eau étant déventé.

Première mission pour Planchette : Wind Dummy. C’est que j’ai peur d’en manquer, je laisse donc Planchette se lancer la première. Bon, tout va bien pour elle, je la suis. Un deux heures de planche potable. Plus tard, on revient au bord. Là, c’est l’émoi ; il y a un disparu. Un pauvre monsieur, incapable de faire son waterstart a dérivé à perte de vue. Sa femme le voit déjà mort.

Deuxième mission pour Planchette. Je réquisitionne ses yeux de lynx. Aidée de jumelles, Planchette voit le naufragé loin sur l’autre rive. Grosse vague de soulagement sur la plage à Viento.

Mais même dans la vie des héros, il y a des moments ordinaires : Planchette nous prépare donc un bon petit lunch dont elle seule a le secret.

Pendant ce temps, je discute avec mon ami Gary, le Californien. Soudain un bruit de voile qui se fracasse sur un arbre. On accourt et on constate que l’incident aura eu raison d’un panneau de monofilm de la voile à Gary. Troisième mission pour Planchette: réparer la voile à Gary avec du Tuck Tape, comme elle seule sais si bien le faire.

Je retourne à l’eau, le vent a viré Nord-Ouest et les conditions sont devenues exécrables, du 5 rafales à 30 nœuds. Une de ces rafales, comme seul Viento peut en produire, me catapulte et occasionne une déchirure de wetsuit. Mais c’est pas grave, j’ai de la colle à wetsuit et Planchette adore accomplir des missions, la preuve, regardez si elle est heureuse:

(photo prise à notre anniversaire de mariage, il y a quelques jours)

dimanche 15 juin 2008

Gorge 2008: Premier matin à The Hatch

Une scène qu’on voit pas souvent, un Hatchery vide le matin à 8h20, alors que c’est des conditions de 5.0 :


En fait, il y a six personnes dans le stationnement, je les connais tous par leur prénoms, ce qui est pour moi tout un exploit, étant incapable de même savoir le numéro de téléphone de mon fils par cœur. D’ailleurs, j’ai eu une petite pensée pour lui, hier, la fête de pères. Je me disais que c’était la 8ième année consécutive que je ne lui donnais pas la chance de m’acheter un cadeau pour la fête des pères. Père manquant, fils économisant. J’ai tout de même compensé en m’achetant un beau quiver de voiles. Test report à venir.

Bon, pour en finir avec le road trip, je suis arrivé à Hood River dimanche 14h30 (heure du Pacifique), alors que j’avais quitté Montréal le jeudi à 8h30. 15 minutes de retard sur l’horaire prévu. Pas si mal, compte tenu des embuches en Iowa. J’ai bien failli subir une autre déviation de route à Des Moines, alors que le niveau de la rivière dépassait de 10 pieds le niveau normal. La vue que j'avais de l'autoroute à Des Moines:


Donc, 4747,8 km plus tard, après 47 heures de route et $576,24 d’essence me voici à The Hatch, tout seul à regarder le swell et à me demander ce que je fais devant mon ordinateur.

See ya on the water!

vendredi 13 juin 2008

Gorge 2008: Drame en Iowa

Je ne sais par quel miracle, mais j'ai réussi à échapper hier à la congestion habituelle de Toronto. Heureusement, car mon air climatisé ne fonctionne pas et j'aurais détesté suffoquer dans le traffic.

Petite digression, c'est con un Guyt. J'ai eu tout l'hiver et le printemps pour faire réparer mon air climatisé et il a fallu que j'attende la veille de mon départ pour aller au garage. Évidemment, la pièce défectueuse était en "back order" et comme il n'était pas question de retarder mon voyage de quelques jours, je devrai me résoudre à crever tout l'été.

Donc, tout allait bien, j'étais en avance sur l'horaire. Il devait être
10 heures AM quand je commençais la traversée de l'état le plus monotone des States, l'Iowa . 280 milles de champs de maïs destinés à la production d'éthanol.

Et là, le pépin: l'autoroute I-80 est fermée sur un tronçon de 30 milles à cause de pluies records qui ont causé le débordement du Mississipi et des rivières environnantes. Ce qui est curieux, c'est que je n'ai rien entendu à la radio, trop occupée à nous faire entendre sa musique country ou les vieux hits de Led Zeppelin.

Voici une photo que j'ai prise, pour vous montrer l'ampleur du drame:



Je tombe finalement sur un poste de radio qui donne plus de détails: une quinzaine de morts, une petite ville, Cedar Falls, inondée et coupée de la civilisation, la circulation dans tout l'est de Iowa complètement anarchisée.

Pas la peine de vous dire que, complètement paniqué devant l'imprévu, je me suis perdu dans les campagnes d'Iowa. Heureusement, j'ai fini par trouver un camionneur qui s'en allait dans la même direction que moi et je l'ai suivi jusqu'à ce qu'il me conduise à bon port. Deux heures de route pour parcourir l'équivalent de
30 milles sur l'autoroute.

Là, je vous écris de mon resto favori aux States, le Ox Yoke,
sortie 225, Iowa. J'ai une petite pensée méchante que je ne vous dirai pas. Je me demande si ce drame qui arrive aux Iowaiens n'est pas une petite punition de Dieu qui nous en veut de se servir du maïs pour nourrir les automobiles plutôt que les humains.

Mais je ne le dirai pas, je vais encore prouver que c'est con un Guyt.

vendredi 4 avril 2008

Vous n’imaginez pas l’hiver d’enfer que j’ai passé. Non, ce n’est pas que j’aie reporté mon congé à traitement différé qui est sensé m’amener sur les plages du Vietnam. Non, ce ne sont pas ces côtes brisées qui ont brusquement mis fin à ma première saison de Paraskiflex. L’enfer, c’est quand la ville de Montréal décide de ne plus déneiger votre ruelle qui donne accès à votre stationnement privé. En fait, c’est plutôt la mairesse de l’Arrondissement du Plateau Mont-Royal, La-Pas-Fine, qui a décidé de ne plus déneiger ma ruelle.

Allez comprendre quelque chose. Depuis les fusions municipales sur l’île de Montréal, on s’est retrouvés à devoir élire un maire de ville, un maire d’arrondissement, un conseiller de ville et un conseiller d’arrondissement alors qu’avant, on n’avait qu’un maire et un conseiller de quartier. Je croyais que les fusions, c’était pour rationnaliser…

Toujours est-il que ma ruelle n’était plus déblayée. Au début de l’hiver, j’arrivais à pelleter une trail avec mon voisin. Mais les bordées successives de neige ont eu raison de nos forces. J’ai dû me résoudre à stationner dans la rue. Et ça aussi, c’est l’enfer, surtout quand on souffre d’insécurité chronique.

Quand une tempête nous tombait dessus, le Uplander ne bougeait pas pendant une semaine parce que je ne voulais surtout pas prendre le risque de perdre mon stationnement. J’allais donc travailler en autobus. Évidemment, il n’était pas question d’aller dans les centres de ski pour profiter de cette belle neige qui venait de tomber. La peur d’être obligé de se creuser un trou de stationnement dans un banc de neige au retour, toute une angoisse.

Mais heureusement, le Plateau fourmille de contestataires. On y est allé de pétitions, de démarches auprès de la Mairesse, du Chef de pompiers et un peu plus on embarquait les Nations-Unies là-dedans.

On a fini par trouver LA faille. Il y a une habitation avec numéro civique dans la ruelle. En fait, c’est un minable logement dans un hangar, mais ça compte quand même. Qui dit adresse civique, dit obligation de déneiger pour des questions de sécurité. C’est la loi!

Aujourd’hui, on a reçu la lettre de capitulation de l’arrondissement. Notre ruelle sera déblayée. On lui donnera même un nom, histoire d’officialiser son statut de rue officielle.

Ok, le monde de Québec, je ne veux pas être chauvin, mais si vous avez besoin de l’aide de Team-Plateau pour la baie de Beauport, gênez-vous pas!