jeudi 31 juillet 2008

Gorge 2008: La vie, la mort et la valeur d’un Guyt

Gros drame évité aujourd’hui, le filet de pêche à Roosevelt. C’est que les Nations Premières (autrefois appelées « indiens ») ont le droit d’installer des filets partout sur la rivière Columbia, mais ils semblent adorer emmerder les windsurfers, si j’en juge par la quantité de filets que l’on retrouve sur les spots cette année.

Toujours est-il que je me suis retrouvé encerclé par un filet de pêche à la fin d’un jibe à Roosevelt. Planchette m’avait bien averti du danger; le crochet d’harnais qui se prend dans le filet, la panique qui s’installe et la noyade qui s’en suit. Un début de panique se pointe, mais pas suffisante pour empêcher une idée de génie d’envahir mon cerveau. J’embarque sur la planche, m’assurant par le fait même que mon crochet est hors de portée du filet maléfique. Le courant me fait traverser la plus grande partie du filet, je me jette ensuite à l’eau, puis éloigne ma planche du danger. J’évacue ensuite le stress en me soulageant dans mon wetsuit: un numéro «1» bien mérité.

Je repars donc en planche, mais j’ai de la difficulté à me concentrer sur mon swell riding. Mon esprit est envahi par des pensées sur la vie, la mort et sur le sort de ce pauvre lapin, que j’ai affectueusement appelé «Ben», en honneur du planchiste américain qui est follement amoureux de ma femme.

Ben, le lapin (non, j'ai pas la photo du Ben amoureux de ma femme)

Donc, ce pauvre Ben est le dernier des huit lapins domestiques qui ont été lâchement abandonnés à mon camping par leur maître qui en avait probablement marre de constater que des lapins, ça se reproduisaient comme des lapins.

Johanne, la ranger du State Park, a réussi à capturer 7 des 8 lapins, qu’elle remet à un organisme qui s’occupe de trouver des familles d’accueil pour les animaux délaissés. Manque plus que Ben, qui s’est presque lié d’amitié avec moi, puisqu’il passe beaucoup de temps sur mon site de camping, le maintenant fameux B5.

Johanne m’a demandé la permission d’installer une trappe sur mon site pour capturer Ben. Elle m’a expliqué que les lynx attendent avec impatience le départ des campeurs cet automne pour bouffer ce pauvre lapin. Mais la vie qui attend Ben après sa capture éventuelle n’est guère plus réjouissante; il va passer le reste de sa vie dans une cage, avec sorties occasionnelles où il se fera chahuter par des enfants.

Ah, si Ben savait, que choisirait-il? La prison à perpétuité ou un mois de plus de complète liberté, néanmoins suivie d’une mort certaine? Dois-je aider Johanne à capturer Ben?

Et puisqu’on est dans les grandes questions philosophiques, combien accepteriez-vous d’être payé pour endurer Guyt une journée complète? Dans le cas de mon copain qui est mon invité pour deux semaines, le montant est de 575$/jour.

On dirait que les 49 règlements que je lui ai imposés (tous basés sur la prémisse «Guyt en premier») ont eu raison de lui. Il avait donc décidé d’écourter ses vacances avec moi de deux jours, mais s’est ravisé quand il a vu les frais de 1 150$ supplémentaires exigés par la compagnie aérienne.

Je l’ai tout de même senti hésitant quand il parlait avec l’agent au téléphone. Quel montant supplémentaire aurait-il été prêt à verser pour s’éviter un deux jours avec Guyt?

Et dire que Planchette m’endure depuis onze ans, et ce, tout à fait gratuitement... Comment fait-elle?

Ciel, que la vie est remplie de questions sans réponses...

mardi 8 juillet 2008

Gorge 2008: La chicane est pognée

Bon bin, la chicane est pognée. Le Gorge Frenzy (compétition de freestyle) est remis depuis deux jours, à cause de prévisions météo défavorables, qui se sont transformées en deux jours de 20 à 30 noeuds solide au Hatchery. Les compétiteurs sont frustés et les "Hatch Rats" encore plus, car la plupart d'entre-eux n'apprécient pas l'affluence supplémentaire créée par la compétition et ont hâte qu'on en finisse. Un "Hatch Rat", c'est quelqu'un qui passe son été au Hatchery, de 5 heures le matin à 7 heures le soir.

Les prévisions météo du fameux Bart ne sont plus à la radio, et c'est Temira, qui le remplace. Or, Temira est bonne en planche, mais pas très en prévisions météo. En fait, son problème, c'est qu'elle fait souvent ses prévisions la veille, la dernière chose à faire à The Gorge.

Le truc ici pour faire de bonnes prévisions, c'est que tu regardes juste avant l'heure de tombée des prévisions de wind (7h am) la différence de température entre Portland, Hood River et Arlington. Puis tu regardes s'il y a déjà une brise d'ouest d'installée. Et, le plus important, tu regardes les nuages.

Moi, quand je me lève pour le pipi de 5h (celui qui suit ceux de 3h et 1h du matin, ciel que je fais pipi à The Gorge), je regarde si les branches des arbres se font aller. Parfois, les arbres sont déjà pliés en deux, alors y a pas de questions à se poser, Hatchery directo, pour un "dawn patrol". Sinon, je regarde les nuages. Le meilleur c'est quand y a une grosse ligne de nuages bien visible de Viento, avec un ciel dégagé sur Hood River.

Et c'est exactement ce que nous avons eu ces deux derniers jours. Y aller d'une prévision "light wind, go the coast" comme l’a fait Temira tenait du suicide. Comme il faut bien un bouc-émissaire, tout le monde a blâmé cette pauvre Temira qui se serait fait pas mal "bitcher" sur le forum d’Iwindsurf.

Moi, j'éprouve de la sympathie pour cette pauvre Temira. En fait, c'est plus que de la sympathie, c'est que je m'identifie beaucoup à la demoiselle. Imaginez une seconde un Guyt météorologue qui se ferait blaster suite à de mauvais forecasts. Que ferait-il? Je vous entends crier en cœur: "Il bouderait!".

Et c'est exactement ce que Temira a décidé de faire, comme le témoigne son blog, miroir de ses prévisions à la radio:
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Vous savez comment j'adore ma Planchette. Il reste que c'est rassurant de savoir que s'il devait lui arriver quelque chose, l'âme-sœur existe.