mardi 3 août 2010

Mourir à The Gorge, part I

Bientôt 80 jours au Gorge et, à ma grande surprise, nous sommes toujours vivants. C'est qu'il y a tellement de façons de mourir ici! Toute la gamme y passe: mort naturelle, mort accidentelle, homicide plus ou moins volontaire, crime passionnel...

Prenez par exemple le 12 juillet dernier, à Roosevelt. Regardez-bien le vent qu'on a eu: (vent en milles/heure):

Au plus fort, il ventait 65 kilomètres/heure avec rafales à 80, exactement le moment où j'étais sur l'eau avec ce que nous avons de plus petit comme matériel. Guyt en 3.1 m2, on voit pas ça souvent.



C'était dément. Je m'efforçais de garder mon calme en fredonnant des petites tounes, genre "Smoke on The Water" de Deep Purple, mais bon, des embruns y en avait pas que sur l'eau. Je me disais, "Guyt, si t'échappes ton rig, tu seras jamais capable de le rattraper et tu vas mourir noyé, c'est certain". Surtout qu'au Gorge, on porte pas ça, des ceintures de flottaison, c'est pas cool. Remarquez, les mentalités changent lentement, les noyades aidant.

À un moment donné, je sens le vent qui baisse un peu, alors je reviens au bord pour monter une plus grosse voile. Il vente beaucoup trop pour le poids plume de Planchette qui a décidé cette journée-là d'être mon assistante pour monter le matériel.



J'arrive donc sur le bord de l'eau. Planchette est en train de discuter avec un groupe de windsurfers en semi-retraite. Je lui lâche un cri: "Monte la 3.5!" Elle court au camion, ramène le rig et se met à monter illico la voile, devant la foule ébahi de voir Planchette si prompte à me rendre service.

Je ne sais pas ce qui m'a pris, peut-être était-ce un besoin d'ouvrir la soupape pour laisser sortir le stess, mais voilâ-tu pas que sors de ma bouche la blague la plus raciste et politiquement incorrecte. Je regarde donc la foule et leur dit, d'une air triomphateur:

"Vous voyez, pas besoin d'être un musulman!"

C'est bin simple, Planchette a failli me tuer drette-là.

(à suivre)